lundi 12 mars 2012

L'activité commerciale du Plateau

PMV débute aujourd'hui une série sur l'activité commerciale dans le Plateau. Nous voulons permettre à tous, clients, résidents et commerçants de se comprendre et de travailler ensemble pour la qualité de vie et les bonnes affaires. Contrairement, à certains commerçants et leur regroupement nous optons pour une approche constructive. Espérons que ça marchera! Voici le premier texte qui expose quelques bonnes pratiques qui ne font pas la UNE de La Presse, du JdM ou du TJ.
Bonne lecture. On a hâte de lire vos commentaires et nous vous invitons à nous faire part des inconvénients causés par certaines pratiques commerciales dans votre secteur. Nous nous engageons à en informer les commerçants concernés. Même chose évidement pour les bons coups!

Voici l’histoire vraie de deux authentiques marchands de proximité, dont les commerces respectifs situés sur l’avenue du Mont-Royal sont des pôles importants d’alimentation desservant un grand quartier densément peuplé et bien enchâssé en plein cœur de la ville. Ce qu’il y a de remarquable avec ces deux marchands, c’est qu’ils font des affaires d’or en veillant à minimiser les nuisances auprès de leurs voisins.

C’est l’histoire de l’Intermarché Boyer (1000 avenue du Mont-Royal Est) et de la Maison du rôti (1969 avenue du Mont-Royal Est). Par leur grand achalandage, ces deux commerces nécessitent un ravitaillement continu. C’est ainsi que leurs opérations occasionnent énormément d’activités de livraison et de collecte de matières résiduelles, ce qui, dans une situation de laisser-aller, engendrerait une quantité importante de désagréments sonores aux résidents qui habitent à proximité.

Mais voilà justement le sujet de ce billet : les propriétaires-opérateurs de ces deux commerces exercent une influence constante sur leurs fournisseurs et employés pour en arriver à cohabiter paisiblement avec le voisinage et lui épargner le pire. Ce qui fait que malgré leur grande fréquentation et le fait qu’ils soient le point d’origine et de destination d’un nombre important de camions de divers types, ces commerces sont des modèles à suivre pour tous ceux qui n’auraient toujours pas réfléchi à mieux s’intégrer à leur milieu physique dans un souci du respect de la qualité de vie de tous.

L’Intermarché Boyer est une des épiceries phares du Plateau-Mont-Royal, un incontournable qui dessert autant de clients qu’un centre d’alimentation de bien plus grande superficie bénéficiant d’aires dédiées de chargement et de déchargement. Pour qu’ils finissent par se retrouver en si grande variété à leur place respective sur les tablettes de ce temple des besoins de tous les jours, les vivres de tout un quartier doivent être assujettis à une importante logistique d’arrivage et de tri. Alors qu’on peut se rendre à l’Intermarché pour trouver de tout pour toutes les occasions, de la patate à l’huile de truffe, du macaroni en boîte au magret de canard, du Whippet à une bière locale exclusive (la Métropole), le bâtiment n’est équipé d’aucun quai de chargement ! Les livraisons se font pour la plupart dans la ruelle et les marchandises doivent transiter par une porte ordinaire.

Certes, l’Intermarché Boyer fait partie du groupe Provigo-Loblaw qui s’est doté d’une charte de bon voisinage, mais dans ce cas-ci la barre est plus haute que ce qu’on a pu concevoir comme accommodement au bureau-chef! L’exigeant et perfectionniste propriétaire, Franck Hénot,  a dû redoubler d’effort et d’ingéniosité  pour véritablement s’intégrer en douceur à son cadre bâti très serré, en dépit du restockage perpétuel et de l’inévitable enlèvement quotidien des matières résiduelles. Il doit surtout faire preuve de détermination, car malgré les nombreuses consignes envoyées aux fournisseurs, les livreurs ont continuellement besoin de rappels pour que celles-ci soient bien respectées.

Les livraisons se font à partir de 7 h 00 le matin, ce que plusieurs jugent trop tôt, mais les épiciers affirment en général que l’heure qui précède l’ouverture est essentielle à la réception des aliments à haut roulement comme la boulangerie et les produits laitiers. Alors qu’on s’imagine si à cette heure le personnel de livraison, bien éveillé, se met à saluer les collègues et raconter des histoires, faire jouer la radio ou tourner le moteur pour rien, ou encore ne se donne pas la peine d’éviter les bruyantes manœuvres de marche-arrière et les klaxons de recul qui les accompagnent. Pour éviter cela, il faut insister et rappliquer chaque fois qu’un nouveau arrive sur la scène ou que la consigne est jugée superflue.

Alors que la popularité de son Intermarché oblige M. Hénot à recevoir des livraisons même le dimanche, celles-ci se font exclusivement entre 10 et 16 h, horaire qui a dû être négocié avec les fournisseurs. De même, l’entente avec les éboueurs privés restreint leur visite dominicale entre 11 et 13 h. Comme il ne peut éviter que la livraison de Loblaw n’arrive cinq fois la semaine entre 22 et 24 h, il a établi une routine de chargement par l’entrée d’en avant, sur Mont-Royal, en se servant de l’espace de manœuvre que lui fournit la station service Esso à côté. En  évitant la ruelle il épargne ses voisins.

Et ses voisins, Franck les connaît bien. Quand il les aperçoit dans son magasin, il va à leur rencontre et à l’occasion, leur offre une gâterie. Il sait bien que les bonnes relations de voisinage sont essentielles aux affaires.

Même chose pour Michel Legrand, propriétaire de La Maison du rôti, un véritable palace de la viande, une magnifique épicerie à l’européenne qui offre au chaland une infinité de suggestions quant à « quoi faire pour souper ». Le paradis aussi du condiment et de toutes sortes de gâteries. On y torréfie même le café!

Il n’y pas si longtemps, des voisins se sont manifestés pour faire savoir à M. Legrand qu’ils vivaient avec difficulté dans le sillon de sa grande entreprise, qui par sa qualité et son offre est aussi un véritable commerce de destination, célèbre à travers la grande région de Montréal. M. Legrand y a vu. Pas de vidanges le dimanche, en fait aucune opération à l’arrière les fins de semaine. Il a établi un parcours pour les camions de livraison, ceux des fournisseurs et les siens (La Maison du rôti dessert 300 hôtels et restaurants), dans le but d’éviter les reculs accompagnés de ces terribles alarmes qui exaspèrent et finissent par rendre fou.

M. Legrand admet qu’il reste d’importants aspects nuisibles à traiter. Un véhicule vient pomper la graisse résiduelle dès 7 h. Ses camions doivent obligatoirement être lavés à pression deux fois la semaine, ce qui est très bruyant.
La situation ne pourra sans doute jamais être gérée à la satisfaction de tous. Mais M. Legrand, tout comme M. Hénot, est conscient et surtout sensible à l’impact que ses opérations ont sur le milieu de vie. Ces deux là,  par leur sensibilité et leur grande maîtrise de leur profession, démontrent ce qu’il est possible de changer quand on prend la peine de faire un effort supplémentaire. Car pour eux, heureusement pour leur coin du Plateau, la qualité ne se limite pas à ce que le client emporte dans son sac.




L'arrière de la Maison du rôti


5 commentaires:

Gabriel Deschambault a dit…

Tout n'est pas aussi rose! Cela dit, je pense tres sincerement que la solution aux problemes divers générés par une rue commerciale animée, passe véritablement par une discussion constructive entre les résidants et les commercants.

Plateau Milieu de Vie a dit…

Non bien sûr, mais nous pensons qu'il faut au moins essayer de valoriser ce qui se fait de bien tout en pourfendant ce qui se fait de mauvais. Il y aura d'autres textes et nous sommes prêts à publier les vôtres, aussi.
Merci pour votre commentaire cher Gabriel!

andré dit le boulanger a dit…

Excellent article qui donne envie de rendre visite plus souvent à ces détaillants alimentaires.


Merci.

andré boulanger

francois-a ouimet a dit…

bravo pour cette initiative constructive!

Michel Camus a dit…

Félicitations pour l'article et la rencontre avec ces commerçants. C'est un bel exemple que le bon-voisinage peut aller et devrait aller de pair avec de bonnes affaires. Ceci est vrai aussi pour les commerces qui ont une clientèle importante de l'extérieur du Plateau. Un milieu plus agréable n'ajoute que du bonheur à nos vies et à notre travail.
En passant. notez que Monsieur F.Hénot est un amateur d,art québécois et qu'il exposera bientôt publiquement des oeuvres qu'il a acquises. À voir !