dimanche 28 novembre 2010

Réaction à l'entrevue sur le stationnement par Joël Le Bigot, samedi 27 Novembre 10h15

Monsieur Le Bigot,


votre émission, et ce depuis fort longtemps, est une des plus écoutées sur les ondes de Radio-Canada. Avec la légèreté que vous arrivez à lui donner, l'humour que vous y distillez, la multiplicité de vos intervenants qui donne le recul nécessaire à un sujet donné, et avant tout l'ambiance de camaraderie qui s'en dégage, cette reconnaissance n'est d'ailleurs pas volée.

On peut ne pas toujours être d'accord avec vous. Mais à combien d'entre nous est-ce arrivé de vous mettre dans le sac "irrécupérable", pour mieux vous en sortir dans l'heure qui suit parce qu'avec une trouvaille dont vous seul êtes capable, vous vous "rachetez".

Mais ce samedi, sur le coup de 10h15, vous nous avez infligé tout un choc en abordant le sujet chaud du moment en politique montréalaise, à savoir la question du stationnement sur le Plateau Mont-Royal. Vous avez interviewé M. Patenaude, un commerçant farouchement opposé au plan proposé par l'administration en place. Il y est opposé, c'est son droit. D'ailleurs il n'est pas le seul évidemment.

Après une voix aussi violente à l'encontre du plan, on était en droit de s'attendre à une voix opposée. Mais après que M. Patenaude en a eu fini avec ses grossières erreurs, ses petits arrangements avec la vérité, pour ne pas dire ses évidents mensonges... rien. Non content de le laisser tout mélanger allègrement (que vient donc faire le déneigement dans un débat sur des parcomètres ??), vous n'avez même pas fait mine de jouer l'avocat du diable, ce que vous savez pourtant si bien faire habituellement.

Ne vous étonnez donc pas que nous nous posions plusieurs questions, à commencer par celle-ci : où est la rigueur dans votre entrevue ?
Avez-vous ne serait-ce que parcouru le plan de stationnement en question ? Êtes-vous par conséquent en mesure de constater que les dires de M. Patenaude étaient soient largement exagérées, soit un entrelacs de mensonge et de mauvaise foi ?
Mauvaise foi à laquelle, en n'opposant personne, vous avez déroulé le tapis rouge.

Pour vous brosser un tableau rapide de ce plan de stationnement, voici quelques faits :
- retrait de 1500 places sur 3 ans : sur les plus de 24000 gratuites disponibles actuellement, cela fait un gros 0.5% de moins par an, et uniquement pour se mettre en conformité avec les règlements provinciaux (dégagement des intersections). Qui était là pour mettre ce fait en perspective ?
- augmentation du tarif horaire : dans tous les centres urbains du monde cela s'est vérifié, à commencer par celui de Montréal, une augmentation de tarif ne fait pas fuir les clients des commerces, au contraire elle fait "tourner" plus vite les autos stationnées. Le Plateau, en tant que quasi-centre-ville, est aux prises avec des milliers d'autos "ventouses" qui monopolisent une place gratuite toute la journée, empêchant ainsi un client venu faire des achats ciblés de se stationner facilement. En maintenant des places gratuites, la ville se prive de toute une frange de clientèle pour les commerces.
- tarification des rues résidentielles : uniformisation et élargissement des actuelles zones de vignettes résidents. Car vous ne semblez pas le savoir, mais ce sont bien souvent les résidents les premières victimes de la sur-utilisation du domaine public par des autos inutiles. Les nouvelles vignettes, au même prix que les actuelles, permettront aux habitants des rues résidentielles adjacentes aux artères commerciales de trouver plus facilement un stationnement... grâce à la rotation abordée ci-dessus.

Et encore, il ne s'agit là que des points abordés par M. Patenaude. Il y aurait encore beaucoup de choses à dire, par exemple que les représentants des commerçants avaient pour commencé donné leur accord à ce plan. Pourquoi ? Parce que 30% des revenus dégagés seraient reversés aux SDC. Évidemment, c'est quelque chose qu'il s'est gardé de mentionner... si toutefois il le savait. Il s'est visiblement contenté de répéter les mensonges inscrits sur l'affiche placardée dans presque toutes les vitrines du Plateau contre le maire Ferrandez dans le plus pur style "far west", affiche qui nous prend, nous, *résidents et clients*, entre le marteau et l'enclume. Nous ne croyons pourtant pas avoir moins de valeur que n'importe quel autre client sous le simple prétexte que nous ne venons pas en auto, bien au contraire.

Mais qui va nous croire lorsque nous clamons le plus fort possible que ce plan est un rétablissement de l'équilibre ? Que nous sommes *pour* l'augmentation des tarifs ? Voyons, personne doté de son plein jugement ne peut être pour une augmentation. Alors aussi bien n'interviewer personne en opposition à ce commerçant à courte-vue, vous risqueriez de passer pour un fou...

Voyez-vous, il s'agit d'une lutte bien déséquilibrée. Parce que des deux opposants, l'un seulement est relayé par les médias, et qu'en l'occurence ceux-ci entretiennent une partialité révoltante - des articles basés sur une mauvaise information, des entrevues ne donnant la parole qu'à une seule partie.

Ce samedi matin nous avons été désolés - le mot est bien faible - de constater que même vous, vous vous livrez à ces règlements de compte.


Association Plateau Milieu de Vie

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Madame,
Je vais transmettre au Conseil de presse du Québec la réponse « convenue » que vous venez de me faire parvenir à la plainte que j’ai déposée concernant l’entrevue accordée par Joël Le Bigot à M. Claude Patenaude le 27 novembre dernier et je prends bonne note de la banalisation que vous faites des propos offensants tenus par votre animateur .
Que le restaurant de M. Patenaude ait été proche d’une vedette de la SRC ne fait que rendre encore plus patente la suspicion de liens de copinage pouvant exister au sein de votre institution. Au contraire, le moindre souci éthique de votre part aurait voulu que vous vous employiez à accorder la plus grande importance à éloigner tout soupçon de népotisme de ce dossier. Eh bien non, vous vous en drapez comme dans un étendard! J’en prends bonne note.
Ce n’est pas tant que M. Patenaude n’ait pas ménagé de dire des faussetés qui m’a incité à porter plainte, c’est plutôt que votre animateur en ait rajouté, ne se privant pas d’y mêler ses propres faussetés concernant entre autres le déneigement, nous révélant ainsi ses préjugés à l’encontre de l’administration élue du Plateau Mont-Royal. En effet, M. Le Bigot a entraîné son invité sur un sujet totalement en dehors de l’objet de l’entrevue en lui demandant : « Est-ce que c'est vrai qu'y déneige toujours pas l'hiver la fin de semaine? ». Vous savez très bien que cette affirmation plantée par l'animateur à laquelle le commerçant a renchéri est fausse et dénuée de fondement. Il ne s’agissait que de dénigrer la présente administration du Plateau Mont-Royal en y faisant des associations dignes des radios poubelles.. D’ailleurs, l’animateur ne s’en est pas privé, rajoutant : « si vous allez là (NDA : dans le Plateau), vous vous faites attraper et si vous vous faites attraper c'est des contraventions, c'est plus cher, il n'y a pas de places de stationnement. C'est l'image du Plateau Mont-Royal qui souffre énormément.» Vous semblez trouver normal que votre animateur se livre ainsi à de la démagogie radiophonique. J’en prends bonne note.
Qui plus est, vous semblez trouver normal que votre animateur aille jusqu’à déclarer en ondes parlant du maire de l’arrondissement : « Peut-être qu’y va demander aux gens de Rosemont de monter les stationnements, pis d’empêcher les voitures de passer, pis de crever des pneus, peut-être, on sait jamais ». Vous défendez de tels débordements en mettant dans la balance que « L'équilibre des opinions sur un sujet est atteint dans l'ensemble de notre programmation »… évidemment sans tenir compte des différences de cote d’écoute. Mais, à vos yeux, cela excuserait toutes les exagérations entendues de la bouche de votre animateur. J’en prends bonne note.
Aussi, vous ne serez pas étonnée d’apprendre que je vais en appeler de votre réponse à l’ombudsman de la SRC. Parce que j’espère qu’au sein de votre institution, il se trouve des personnes raisonnables dont le rôle ne consistera pas à défendre la « maison » envers et contre tous, mais plutôt de voir à ce que le privilège qui est donné à certains de pouvoir s’adresser à tous, soit fait avec un minimum de déontologie. Sinon ce sont vos détracteurs qui auront raison.
Prenez-en bonne note en vous reposant durant le temps des Fêtes, car cela favorise la réflexion…
Vous souhaitant une bonne et heureuse année 2011, veuillez agréer mes sentiments les meilleurs.
Pierre-Alain Cotnoir

Anonyme a dit…

De : Danielle Leblanc [mailto:Danielle.Leblanc@RADIO-CANADA.CA]
Envoyé : 21 décembre 2010 11:51
À : pacot@cooptel.qc.ca
Cc : Ombudsman de Radio-Canada
Objet : Entrevue Claude Patenaude à l'émission « Samedi et rien d'autre »

Monsieur Pierre-Alain Cotnoir

Monsieur,

Le message que vous avez fait parvenir le 28 novembre dernier à l'ombudsman de Radio-Canada ainsi qu'à notre service des relations avec l'auditoire, m'a été transmis afin que j'en assure le suivi. Dans ce message, vous écrivez porter plainte contre Radio-Canada et l'animateur Joël Le Bigot pour des propos diffusés le 27 novembre dernier dans le cadre de son émission « Samedi et rien d'autre ».

J'ai écouté attentivement l'entrevue qui a provoqué votre plainte. Vers 10 h 15 ce matin-là, M. Le Bigot recevait un marchand du Plateau-Mont-Royal, M. Claude Patenaude. Ce dernier est patron depuis 45 ans de « Ti-coq BBQ », un restaurant existant depuis une soixantaine d'années. Pour la petite histoire, l'ancien annonceur de Radio-Canada Roger Baulu en a été propriétaire dans les années 50 et l'auteur Michel Tremblay y a été livreur.

M. Patenaude n'a certes pas ménagé ses mots envers l'administration de l'arrondissement où est situé son restaurant. Par ses questions, notre animateur l'a cependant obligé à s'expliquer. L'invité a donné une opinion différente de celle du maire de l'arrondissement que nous entendons souvent. Les hommes politiques sont des personnages publics et leurs commettants peuvent les critiquer. Il ne nous appartient pas d'empêcher un invité de s'exprimer. La neutralité ne signifie pas qu'il faille exclure des points de vue différents sur une question. L'équilibre des opinions sur un sujet est atteint dans l'ensemble de notre programmation. Ainsi, on a pu souvent voir et entendre M. Luc Ferrandez ou ses propos à Radio-Canada, ce qui n'est pas le cas cependant pour M. Claude Patenaude.

Je suis désolée si cette entrevue vous a déplu. J'en prend bonne note et je vous invite, pour toutes questions concernant nos émissions, à vous adresser aux relations avec l'auditoire à l'adresse auditoire@radio-canda.ca et qui verront à traiter votre requête dans les meilleurs délais. Vous pouvez aussi vous adresser à nouveau à l'ombudsman de Radio-Canada si vous le jugez nécessaire.

Recevez, Monsieur, l'expression de mes sentiments distingués.

Danielle LeBlanc
Chef de contenu
Première Chaîne de Radio-Canada