dimanche 17 avril 2011

Nettoyer notre ville nous-mêmes ?

Suite à notre initiative de nettoyage cette fin de semaine, il y a eu une suggestion intéressante faite sur notre mur Facebook :
J'aimerais faire une suggestion à la Mairie - le nettoyage des rues intervient AVANT la collecte hebdomadaire, ce qui veut dire qu'il y a souvent des déchets laissés dans la rue toute la semaine. Ne serait-il logique d'aligner les deux opérations ? Du coup, travailler dans l'absence de voitures garées devrait faciliter le métier des vidangeurs.
En effet, s'il ne s'agissait que de la logique... Mais sur le Plateau le nettoyage des rues intervient 1 fois par semaine depuis 2 ans maintenant (ce qui nous semble amplement suffisant -- même si la qualité laisse parfois à désirer tant le camion passe à toute allure), alors que les vidanges font l'objet de plusieurs ramassages :
  • les ordures ménagères sont ramassées 2 fois par semaine, selon un horaire variable lié en partie au trafic, en partie à la quantité ramassée,
  • le recyclage 1 fois mais un autre jour, 
  • dans les secteurs concernés il y a du ramassage de compost domestique, 
  • et ne parlons même pas des déchets commerciaux. Les camions poubelles passent presque tous les jours dans certaines ruelles commerciales, d'ailleurs à voir la quantité de déchets on se demande si c'est bien suffisant. (ou si le gérant du commerce / resto en question gère correctement ses 'outputs')
Sac poubelle éventré, débordement commercial : les voyons-nous encore ? (photos PMV)
Montréal ne laisse pas sa place pour ce qui est de la saleté. Surtout au printemps mais le reste du temps aussi. On le sait, tout le monde le sait. On ferme un peu les yeux -- sur les dépôts sauvages, les poubelles qui débordent ou les amoncellements de mégots de cigarettes dans les carrés d'arbres -- tout simplement parce qu'un stimulus constant fait monter le seuil d'alerte. C'est un processus normal et naturel après tout : aucun organisme vivant ne peut rester en alerte permanente, sous peine de virer fou.

Il n'empêche. Mettons de côté l'hiver, parlons seulement de la belle saison : cette perpétuelle impression de laisser-aller, ne pourrait-on pas la contrer ?

Pourquoi verdir si c'est toujours sale ? (photos PMV)
En Allemagne et en Autriche, et sans doute dans bien d'autres pays européens, il existe des règlements à l'effet que chacun est responsable de la propreté et du dégagement de la portion de trottoir qui borde sa résidence ou son commerce.

Il y a plusieurs avantages, individuels et collectifs.
  1. La ville est plus propre puisque chacun est tenu d'y mettre du sien.
  2. La ville est plus propre tout le temps : le besoin est donc moins criant de lancer une "Grande Opération Montréal Net" comme le fait la ville périodiquement.
  3. Les efforts de verdissement passent moins inaperçus, et peuvent par conséquent être propagés plus facilement.
  4. Ce règlement encourage la micro-entreprise : un entrepreneur, mais aussi un étudiant en mal d'argent de poche peut louer ses bras à ses voisins âgés ou au petit commerçant du coin de sa rue.
  5. Enfin il développe l'esprit d'appartenance à un quartier, à un voisinage. Pour l'avoir fait dernièrement, rien de tel pour "laisser sa trace", sentir qu'un quartier nous appartient autant que nous lui appartenons, rien de tel, donc, que de l'attaquer avec un balai.
Qui de nos jours parle avec ses voisins sur une base quotidienne, pour le simple plaisir d'échanger de petites nouvelles de bloc, de quartier, de voisins, de ville ? Ils sont très peu, les citadins qui vivent au quotidien l'effet "coeur de village". Nettoyer ensemble, au moins 1 ou 2 fois par an, ça permet aussi d'apprendre à se connaître... peut-être pour mieux s'éviter et ainsi éloigner les chicanes, qui sait !

Engrais new age ? (photo PMV)
Si Montréal est si sale, c'est aussi parce que collectivement, nous n'y faisons pas aussi attention qu'à notre salon. Évidemment nos taxes permettent d'affecter des cols bleus à des travaux de nettoyage. Mais ce n'est pas parce qu'on paye une femme de ménage qu'on fait moins attention à notre intérieur -- au contraire : avant qu'elle vienne, il faut ranger un minimum la chambre des enfants, le linge sale qui traîne, et les tas de journaux/factures éparpillés...

Pourrait-on imaginer importer ce règlement ? Instaurer une responsabilité citoyenne de trottoir ?

Qu'en pensez-vous ?

4 commentaires:

marcsnyder a dit…

En fait, nous sommes *déjà* individuellement responsables de notre bout de trottoir dans le Plateau, tel qu'indiqué sur le site Internet de l'arrondissement: http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=7297,74071811&_dad=portal&_schema=PORTAL

Le problème en est un de mise en application. Prenons un cas de figure: il y a un sac de vidanges sur le trottoir devant chez moi. Qui est responsable?

- Le propriétaire de l'édifice? Il habite Laval et ne vient à peu près jaamais.
- Le locataire du rez-de-chaussée? Il n'est pas le propriétaire.
- La personne qui a laissé un sac de poubelles devant chez moi? Car oui, c'est bien le voisin et ça peut être prouvé en ouvrant le sac et en trouvant sa facture de cellulaire.

Et si vous êtes dans la peau de l'inspecteur, qu'est-ce que vous faites? Vous ouvrez le sac? Vous êtes sûrs?

MS

Geneviève a dit…

Bordeaux a réglé la question en instaurant la "gestapoubelle" comme on l'appelait "affectueusement" (?). On reçoit dans cette ville régulièrement des constats d'infraction quant aux sacs poubelles laissés tels quels sur le trottoir (il FAUT avoir une poubelle fermée), en-dehors des heures de ramassage ou pas.
Et oui, les inspecteurs ouvraient donc les sacs.

Anonyme a dit…

Ce "cas de figure" est en fait un grand classique. Personnellement, je ramasse le sac et le re-dépose au moment de la collecte. Parfois, je remet les sacs à leurs propriétaires car contrairement à ce qu'on pourrait croire, il est très facile d'en repérer le propriétaire sans même ouvrir le sac.

Anonyme a dit…

J'habite le Plateau.

Ma rue est sale. Plusieures rues dans mon coin sont sales. Les vidanges restent dans la rue à semaine longue. Les voisins laissent des déchets dans la rue et sur leurs terrains et dans les ruelles.

Il manque de respect. Je me suis plaint à l'arrondissement à plusieurs reprises. Aucun effet.

Je ne sais plus quoi faire et je ne veux plus vivre dans cette saleté. À deux rues, à Outremont, ils n'ont pas ces problèmes. Quelle est la différence?

Je ramasse parfois les sacs devant chez nous mais je ne peux pas m'occuper de toute la rue.

Il faut trouver une solution!!