mercredi 7 septembre 2011

On fait tous des choix. Nos voisins commerçants ont fait celui de nous précipiter la tête la première vers une taxe spéciale.

Petite leçon de business d'après la SDAMR :

1- miauler haut et fort dans les jupes de la ville-centre à propos de ce qui ne vous plaît pas dans la politique locale, et la faire intervenir dans des projets qui la concernent autant que votre première chemise

2- miauler haut et fort dans tous les médias à quel point c'est devenu ou ça va être l'enfer de venir magasiner dans votre arrondissement, s'étonner ensuite que le chiffre d'affaires ne progresse pas

3- miauler parce que l'arrondissement lève une taxe spéciale pour boucler un budget, taxe qui impactera aussi bien les résidents que les commerçants qui "paient déjà tellement de taxes" (oui parce que les résidents ils n'en paient pas, c'est bien connu, et puis de toutes façons ils ont choisi de venir habiter là non ?)

Avec le point 1, vous vous mettez vos voisins à dos, ceux qui assurent 80% de votre chiffre d'affaires. Avec le point 2, vous faites fuir votre clientèle extérieure, ceux qui vous apportent le 20% restant. Ces 2 points sont déjà réalisés il y a presque 1 an.

Le point 3 ? D'ici quelques jours.

***

Je suis résidente du Plateau, et je me vois entourée de commerçants hostiles à l'amélioration de mon cadre de vie - qui est aussi le leur après tout. Ces améliorations il faut de l'argent pour pouvoir les réaliser, et tous ceux qui utilisent mon environnement pour avoir du fun pourraient mettre la main à la poche. Mais comme ils sont clients des commerçants sus-cités, ils ont le droit à tous les égards. Moi, leur cliente mais aussi leur voisine, je ne compte pas.


Ce cadre de vie, nous les résidents le partageons avec des commerces qui
- encombrent nos ruelles et nos trottoirs de leurs poubelles (ça pue, ça déborde, c'est dangereux et c'est de l'occupation de l'espace public en face de chez nous),
- n'imposent aucune retenue à leurs clients saouls qui sortent en hurlant à 1h35 le matin et réveillent le petit dernier qui venait enfin de s'endormir,
- refusent de considérer que leurs clients extérieurs pourraient eux aussi faire des efforts quand ils choisissent de venir se divertir ici, au même titre que nous leurs voisins en faisons tous les jours en les supportant (à comprendre dans tous les sens du terme) parce que nous avons choisi de venir habiter là.


Je ne nie pas que le commerce se porte moins bien qu'il y a quelques années. Mais je doute que la cause en soit uniquement des changements à la politique locale de circulation et de stationnement (pour ne citer qu'elles), car ces difficultés se retrouvent à travers l'ensemble de l'île de Montréal, le Québec au complet, le Canada d'une mer à l'autre, même ailleurs dans le monde. Je me demande au contraire si la raison n'en est pas la frilosité généralisée d'un modèle commercial qui a fait son temps.

Est-ce le bon produit ? Au bon endroit ? Au bon moment ? Ces 3 questions cruciales, j'aimerais que tous les commerçants se les posent. Et j'aimerais aussi (mais je rêve en couleurs) que les commerces de l'Avenue du Mont-Royal se rendent compte, en toute franchise, que bien souvent leur produit est bon, leur emplacement est enviable, et la clientèle est là. Car vous vous en sortez globalement mieux qu'ailleurs.

***

On fait tous des choix.
Il semblerait toutefois que mes voisins marchands considèrent que certains, au prétexte que leurs choix sont motorisés et habitent ailleurs, ont plus de valeur que les miens et ceux des quelque 100,000 personnes qui partagent leur quotidien.


Geneviève Dodin
pour Plateau Milieu de Vie

8 commentaires:

Martin Turcotte a dit…

Plateau Milieu de Vie a tout simplement tort sur la question du commerce. Et affirme tristement des faussetés (comme les chiffres sur l'achalandage local... que les sources soient dévoilées, svp). C'est triste, mais c'est comme ça.

Car, entre l'idéal, le fantasme et la réalité, il y a malheureusement un grand écart. PMV et Projet Montréal sont idéalistes tandis que les commerçants, eux, doivent composer avec la réalité et font des affaires au moment où j'écris ces lignes. Autrement dit, ils doivent composer avec les moeurs actuelles des clients. Tant qu'ils se déplaceront en char, pour des raisons légitimes ou non, ils chercheront du stationnement. Ils chercheront à se faufiler vers nos commerces. Et cela n'est pas une question de choix, c'est comme ça, je n'y peux rien. Et je ne peux pas attendre 3 ans avant qu'ils changent leurs habitudes de déplacement. Chaque mois de baisse d'achalandage aujourd'hui est une catastrophe aujourd'hui. J'explique.

Petit mot sur la clientèle régionale: elle génère 38% de mon chiffre d'affaires! Du moins c'était le cas en 2010. Quand vous êtes habitués à faire environ 22% de profit sur vos ventes totales (après avoir payé votre loyer, vos taxes qui augmentent en flèche, vos employés, vos fournitures, etc.), une perte d'achalandage, qu'il soit régional ou local, cause presque une hécatombe. Par exemple, quand je perds 10% ou 20% d'achalandage (depuis un an, ça varie aux alentours de cela), mes coûts de fonctionnement, qui eux ne baissent pas, font que mes profits, eux, fondent à peu près du même pourcentage! Imaginez! De grâce, imaginez!! Plusieurs commerçants sont sans doute idéalistes, comme je le suis, mais ce n'est pas cet idéalisme qui va se traduire aujourd'hui en profit, mot qui peut faire frémir, sans doute, mais mot qui, sans lui, fait disparaître la majorité de nos commerces. Alors de dire que nous gérons mal nos commerces, c'est vraiment insultant et démontre une solide ignorance. J'invite donc PMV et ses zélotes à être un peu plus nuancés et sensibles envers les commerçants comme moi.

Enfin, je suis pour des mesures d'apaisement de circulation adéquate, et j'adore ma clientèle provenant du Plateau, mais je ne peux que dire une chose: ça fait plus de 10 mois que je perds de l'argent avec mon commerce, chose qui ne m'est jamais arrivée depuis que je suis en affaires, et chose que je n'aurais jamais envisagée ni souhaitée de toute ma vie. À maintenant 70 heures par semaine dans mon commerce (car j'ai du me départir d'un employé), je ne crois pas être un enfant gâté qui crie pour rien. Je suis exténué, je sors bientôt de la trentaine, j'ai encore des projets de former une famille avec ma copine (nous habitons sur le Plateau, non pas dans un château), et j'aimerais cesser de les reporter aux calendes grecques. Mais pour cela, il faudra trouver des solutions aux problèmes de circulation sur le Plateau qui sont à la fois bonnes pour les résidents ET pour les commerçants. Sinon, sans vouloir être prétentieux, j'annonce que le Plateau perdra un bon commerce qui participe à la qualité de vie du quartier.

Andrea a dit…

Chacun qui tire la couverte de son bord. PMV réclame que les commerçants aient plus de considération pour les résidents, et les commerçants demandent de la nuance. C'est de bonne guerre...

Mais moi d'après ce que je comprends je vais devoir payer une taxe de plus. Ça va se monter à quoi ? un 100$ dans l'année ? C'est 100$ que j'irai pas dépenser chez Farfelu, Valmont ou Le Placard. C'est con.

A. Cloutier a dit…

Toujours navré de constater à quel point les commerçants peuvent être réacts. Je compatis à vos déboires financiers, mais faudrait pas que vous perdiez la réalité de vue. Dès qu'il y a une baisse de profit, c'est nécessairement la faute de l'État et de ses interventions. Toujours le même refrain. Le reste, oubliez ça :
- Il n'y a plus (pas) de crise économique qui a fait baisser le pouvoir d'achat des citoyens, surtout les jeunes.
- Il n'y a certainement pas d'hyper inflation en ce moment due, en partie au cout du baril de pétrole (lisez des articles sérieux sur le sujet : le 2 ou 3% d'inflation qu'on nous chante à la tivi, c'est de la pure foutaise) qui nuit aussi au pouvoir d'achat des citoyens.
- Il n'y a pas de Quartier X30.

Mais non, c'est Ferrandez le psychopathe le responsable. Ça doit être vrai, si la tivi et les commerçants le disent. Et à force de l'entendre dire, le simple citoyen motorisé finit par croire que c'était différent avant alors qu'elles n'ont pratiquement pas changées (en fait +50 000 chars/année sur l'ile de Montréal). N'empêche, continuez votre spin messieurs dames les commerçants, vous allez finir par l'avoir votre ile bétonnée et asphaltée mur à mur.

Martin Turcotte a dit…

Bien justement A. Cloutier! Prenez la peine de poursuivre votre raisonnement: s'il y a effectivement tous ces problèmes qui accablent en ce moment le commerce, pourquoi diantre nos représentants politiques doivent-ils en faire fi et même en rajouter? C'est LA question que se posent tous les commerçants et clients qui aiment leurs commerces.

Ce qui est navrant dans tout ce que l'on vit actuellement sur le Plateau, c'est surtout la suffisance et le grave manque de connaissances en économie commerciale chez la plupart des militants de Projet Montréal et, apparemment, des adeptes de ce blogue. Alors que les commerçants ont affirmé depuis longtemps qu'ils étaient pour une meilleure qualité de vie sur le Plateau, et qu'ils souhaitent que des mesures adéquates d'apaisement de la circulation soient implantées, Projet Montréal, de son côté, n'a jamais dit qu'il ferait ce qu'il faut faire pour défendre les petits commerces de son quartier comme le mien (mon commerce). Pourtant, les uns sont aussi importants que les autres. Cela est injuste. Et les petits commerces, pendant ce temps, périclitent...

Honnêtement, qu'on se le dise, Projet Montréal s'y prend très mal pour arriver à ses fins. Un point c'est tout. Et le nier, c'est faire preuve de fanatisme, d'aveuglement ou de messianisme. Mme Gruda, encore aujourd'hui, dans son éditorial de La Presse, le souligne très clairement. Tout est dans la manière, l'approche, la méthode, dit-elle. Ce que François Cardinal, quelques jours plus tôt, rappelait également, tout comme Paul Lewis, en novembre dernier, Christian Dufour, au début du mandat de Ferrandez, et plein d'autres acteurs du quartier.

Denis Méthé a dit…

Bonjour Martin Turcotte,

Je serai bref. Si j'étais vous, je demanderais à votre Directeur de la SDC de vous rendre des comptes sur la gestions scandaleuse de vos affaires au cours de la dernière année. Il a tout d'abord orchestré une campagne sauvage contre l'administration locale au sujet du stationnement, des mesures d'apaisement de la circulation et de verdissement; ensuite, il a, avec quelques autres commerçants, crié haut et fort que c'était l'enfer de circuler et de même entrer sur le Plateau. Enfin, comble de l'incurie, il se prépare à en remettre an décriant l'annonce d'une taxe spéciale, alors que c'est lui, et lui seul qui nous a poussé dans cette absurdité. Une belle stratégie de marketing pour vous, n'est-ce pas ?

C'est un scandale, et c'est à vous de jouer, maintenant: vous avez 101,000 clients sur 8km carrés... Cessez d'écoeurer vos clients de proximité, et peut-être que les choses irons mieux pour vous.
Et rendez vous donc compte que 50 cents de l'heure de plus pour stationner est ridicule, quand on considère le prix moyen de 50 $ pour une tank à gaz. Pensez-vous sérieusement, mais sérieusement, que cela fait fuir vos clients ? Et enfin, pensez-vous que les 500,000 chars qui traversent le Plateau (la moitié le matin, l'autre le soir) sur semaine pour aller travailler s'arrêtent sur l'avenue Mont-Royal pour faire leurs emplettes? Vous connaissez la réponse...

Denis méthé a dit…

Re-bonjour Martin,

Désolé d'en remettre, mais je viens de lire votre commentaire qui cite Cardinal et Gruda (la Presse ce matin). Agnès Gruda dit, par exemple, au sujet de Zurich: guerre à la circulation, aux parkings, pousser les autos sur des voies de moins en moins rapides, coquettes promenades et l'automobile qui ne règne plus en maître sur les cyclistes et les piétons... Justement ce que votre Directeur de SDC combat avec véhémence, sans égard aux citoyens de nos quartiers, tout en vous nuisant, à vous les commerçants. "Coquettes promenades", de dire Gruda? Avez-vous vu l'avenue Mont-Royal le week-end dernier ? Pitoyable rue de ventes de garages et de peddlers, spectacle désolant avec musiques boum-boum à chaque coin de rue, "tables" de vente qui n'ont rien a voir avec le commerce qui est derrière, qui demandent "qu'on paye cash"; et en prime, on empêche en fait les gens des quartiers de venir faire leurs emplettes de fin de semaine dans leurs commerces d'habitude. Est-ce là l'idée que vous avez d'une "coquette promenade"?

Quand allez-vous vous réveiller et vous impliquer avec les citoyens pour une véritable revitalisation de cette artère commerciale qui en perd chaque année en attraction à cause d'une SDC qui ne parle ni aux élus, ni aux citoyens qui font vivre les commerces, qui n'offre aucune stratégie de marketing, sinon négative à souhait, et qui vous fait mourir
à petit feu ?

Mais nous n'avons manifestement pas lu la même chose dans la Presse de ce matin. Quant à Cardinal, je vous invite à lire ma réplique à son article de la semaine dernière sur Facebook. Là non plus, nous n'avons pas lu la même chose... Parce que Cardinal parle d'immobilisme, purement et simplement... Et pendant ce temps... à Zurich...

Denis Méthé

Richard Boutin a dit…

Bonjour M. Turcotte,
De toute évidence ça ne va pas bien pour vous comme pour certains résidants. Plusieurs sont menacés de quitter Le Plateau. L'endettement personnel, hausse des loyers, disparition de la classe moyenne... Autant de raisons qui font que les gens choisiront quoi consommé.
Vous n'aimerez pas ce que je vais écrire car c'est dur. J'habite Le Plateau depuis près de trente ans et j'ai vu beaucoup de commerces disparaitre.Causes;gentrification, hausse des loyers... Vous voyez ou je veux en venir.
Votre message en semble un de desespoir? Peut-être que votre SDC pourrait vous aider? Vous payez une cotisation annuelle? Qu'est-ce que les SDC offrent comme aide dans ces durs moments?
Je pense qu'il est temps pour les SDC de tisser des liens avec leurs clientèles de proximité. Une bonne partie de cette clientèle veut que l'on offre, aussi, autre chose de différent. Quel sont ces autres choses? Il faudrait que votre SDC veuille rencontrer les résidants pour le savoir.
Autre chose, Ferrandez est légitimement élu avec une plateforme électorale. Il faudrait cesser d'infantilisé les gens qui ont voté pour lui. Nous savons ce que nous voulons.
Dernier point; Ferrandez sait aussi faire preuve d'ouverture. Il faut juste, soi-même, faire aussi preuve de la même ouverture.

Gabriel Deschambault a dit…

On serait dû pour un bon petit boycottage des commerces de l'avenue du Mont-Royal. Rien de bien compliqué, une journée par semaine.

Ou encore, une petite parade sur les trottoirs, le samedi en apres-midi; avec des pancartes explicites. On pourra ainsi convaincre d'autres résidants.

On ne fera pas mal aux commerces; ils ont des amis motorisés pour assurer leur chiffre d'affaires.

On encourage ces gens depuis des années et ils nous considerent comme de la merde. Ils nous manquent de respect avec ces discours à sens uniques et sans considération pôur les idées des autres.

J'me "start" tranquillement