samedi 15 octobre 2011

Couper dans les dépenses, mais dans lesquelles ?

À l'approche du 20 octobre, date à laquelle l'arrondissement remettra son budget, commencent à se faire les annonces concernant les coupures à venir. Hier matin a été annoncée la fermeture de la piscine Schubert sur le boul. St Laurent.
Pour mémoire, le Plateau Mont-Royal - mais pas seulement lui : plusieurs autres arrondissements de quelque  obédience  politique  que ce soit - se retrouve cette année au pied d'un mur longtemps repoussé, celui du déficit. Les taxes augmentent sans cesse sur notre territoire, mais c'est à la ville centre que nous les payons, puis elle les redistribue aux arrondissements. Cette redistribution ("dotation") avait été créée lors des fusions afin de convaincre les nouveaux arrondissements qu'ils auraient encore une marge de manoeuvre en se joignant à la ville de Montréal "nouvelle mouture".

Aujourd'hui, bien que les impôts fonciers de tous, résidents ET commerçants, augmentent à des vitesses faramineuses, en contrepartie de quoi nous serions tous en droit d'attendre des services publics de qualité et en amélioration constante, la ville centre, en empochant les taxes sans revoir ses calculs de dotation, oblige les arrondissements à couper des services. Le Sud-Ouest fermera le bain Émard ainsi qu'une bibliothèque (section adultes), le Plateau a annoncé ce matin qu'il fermera la piscine Schubert.

À PMV, on est très curieux : combien va-t-on économiser grâce à cela ? Et surtout, n'y aurait-il pas d'autres avenues à explorer ?
Prenons l'exemple du bac de compostage :
  • projet pilote instauré en 2008 pour environ 3000 portes dans l'Est du Plateau, périmètre un peu étendu par la suite, 1 bac brun + 1 bac de comptoir fournis à chaque porte
  • beaucoup de participation aux débuts (Le Devoir), mais on constate très clairement un essoufflement depuis plusieurs mois : il n'y a pas eu de nouvelle campagne de communication à cet effet hors des rappels concernant la gestion des vidanges en général, et notamment pas de campagne d'information en période de déménagements (combien de bacs partent d'ailleurs sous d'autres cieux avec leurs locataires ?)
  • un parti-pris que "le compostage, c'est facile", alors qu'il y a des exigences majeures à respecter, comme en particulier l'équilibre entre matière sèche et humide pour que la décomposition se fasse sans dégagement de "jus" nuisibles pour l'environnement
  • une puanteur hors du commun tous les mardis matins dans les rues (jour de ramassage), parce que le bac brun accepte supposément *tous* les déchets de table, carnés autant que végétaux, alors qu'il n'est ramassé qu'une seule fois par semaine,
  • ce qui a mené plusieurs foyers à abandonner cette pratique (cf. le nombre diminuant des bacs sortis), pour se concentrer sur leur bac de compost domestique lorsqu'ils en ont un, car avant d'empester sur leur perron, ça empeste aussi dans la cuisine, sans parler des vers ni des mouches
PMV se pose des questions sur l'utilité vs. le coût de cette mesure, qui, si l'on comprend le budget tel que disponible en ligne, est comprise dans un poste qui a augmenté de plus de 20% entre 2010 et 2011. Bien sûr, elle va dans le sens de la réduction des déchets, mesure comprise dans les plans de développement de la ville. Mais... est-on vraiment capable de gérer et de payer ce programme ? Les habitants du Plateau sont certes sensibilisés au-delà de la moyenne aux questions environnementales, il n'en reste pas moins qu'il y a, en amont de la pratique à grande échelle, un énorme besoin d'éducation.

D'autre part, les déchets "réguliers" (vs. sacs de recyclage) sont actuellement ramassés 2 fois par semaine, par le privé, alors que les cols bleus ramassent le recyclage 1 fois par semaine. Si on économise sur les travaux de voirie quand on les fait en régie, ça doit être vrai aussi sur le ramassage des ordures ? Pourquoi ne pas ramener celui-ci à 1 fois par semaine, fait par les cols bleus ? Augmenter l'incitatif à recycler en diminuant celui de simplement jeter "ce qui reste" aux poubelles sans distinction...
    Enfin, PMV s'interroge : SDC et CDEC ? Entre les Sociétés de développement commercial, exclusives aux artères commerciales qui s'en sont doté (ce n'est pas le cas de toutes les rues à commerces, cf. Prince-Arthur, Duluth ou Rachel), et la Corporation de développement économique et communautaire, qui couvre l'ensemble du territoire et de l'activité économique, il y a manifestement double emploi. Or chacune de ces instances reçoit des subventions tirées des fonds publics... sans compter que les SDC ont négocié une entente avec la ville centre lors de la crise du stationnement selon laquelle elles seront directement financées par elle. N'oublions pas que ces messieurs Tremblay, Applebaum et Deschamps, qui obligent à couper les services au citoyens, assurent les commerçants de leur soutien indéfectible. Quel que soit le montant de leur "fonds de dynamisation", il nous semble logique que le financement qui est réservé aux SDC dans les budgets d'arrondissement devrait être levé.


    L'arrondissement se trouve face à des choix difficiles, mais en fermant une piscine à court-terme, est-on en train de couper au bon endroit alors qu'on pourrait réorganiser les dépenses à long-terme ?

    6 commentaires:

    Gabriel Deschambault a dit…

    Avec l'age que j'ai, je n'ai pas reçu beaucoup de sensibilisation, lors de ma jeunesse, à la question verte et à la protection de l'environnement. C'est un concept "nouveau" et je fais de bons efforts pour accompagner la société.

    Cela dit, les bacs bruns ne me convainquent pas encore et si, effectivement, on constate une diminution de la sensibilisation citoyenne et de leur "fréquentation"; il est sage d'au moins poser la question de la pertinence et du "timing" de cette économie. Ne me lancer pas des tomates...mettez-les plutôt dans votre compost.

    Pour ce qui est des SDC et CDEC; une autre bonne question. Je crois malgré tout que nous en discuterons encore un petit moment.

    Quand on ferme une piscine par manque de budget; il est grand temps qu'on épluche les dépenses qui pourraient faire l'objet d'une nouvelle "réflexion"; comme cette duplication des structures.

    Plateau Milieu de Vie a dit…

    Poursuivons la réflexion :

    Avant d'aller vers des coupures de services directs à la population, un exercice devrait être fait dans certaines divisions de l'arrondissement, notamment au "développement économique". Personne ne sait trop ce que ça donne ni si nous en avons vraiment besoin puisque d'autres organisations financées par l'arrondissement et divers autres paliers de gouvernement font le travail.

    S'il faut absolument garder les SDC pour le développement des rues commerciales et la CDEC pour le développement de l'entrepreunariat, le soutien aux entreprises de l'économie marchande et sociale (+de 2,5 millions en fonds d'investissements), le soutien aux jeunes entrepreneurs et aux travailleurs autonomes, le réseautage et la formation...

    On pourrait peut-être sauver le bain Schubert et quelques autres services aux citoyens et révisant l'organisation du travail des fonctionnaires et sa complémentarité au vu les différents organismes du milieu avant tout.

    Anonyme a dit…

    Les SDC se financent par les cotisations de leurs membres. L’ancienne subvention du conseil d’arrondissement (33,000$ par SDC) est déjà abolie. Une part des revenus des parcomètres doit cependant revenir aux SDC, comme à tous les commerçants. Mais dans le bordel actuel, bien malin celui qui sait ce que ça représentera.

    Autre point, Luc Ferrandez pérorait de satisfaction suite à l’entente de décembre dernier, prétendant que désormais les revenus des parcomètres lui permettraient de boucler son budget sans avoir à «achaler» la ville-centre pour faire augmenter la dotation. Que s’est-il passé ?

    Il apparaît évident que les baisses dramatiques d’achalandage des parcomètres ont provoqué l‘impasse dans laquelle s’enlise les finances de l’arrondissement.

    Et ces tendances baissières vont sans doute se confirmer dans les mois qui viennent avec la mise en application d’une flopée de nouvelles mesures d’entrave à la circulation, de hausses tarifaires (janvier 2012) et le « feuilleton » quasi-quotidien d’une presse déchaînée.

    D’autres fermetures de piscines sont donc à prévoir.

    Anonyme a dit…

    Malheureusement, ...le "feuilleton" quasi-quotidien d'une presse déchaînée...est souvent alimenté par les opinions "d'anonymes" qui hésitent à être ouvertement à la "hauteur" de leurs opinions.

    N.B. il ne faut pas parler de ..."nouvelles mesures d'entraves à la circulation"... mais plutôt parler de nouvelles mesures d'amélioration de la qualité de vie des citoyens du quartier.

    Plateau Milieu de Vie a dit…

    Le système des commentaires semble avoir des difficultés, les noms ne semblent pas s'afficher.

    Suite à sa demande en ce sens par courriel, le commentaire précédent était signé Gabriel Deschambault

    Anonyme a dit…

    Dans la reprise de mes propos, vous confondez l’objectif, les moyens et les résultats.

    L’objectif : "amélioration de la qualité de vie des citoyens du quartier"

    Les moyens : entraves à la circulation, ajouts et hausses des tarifs de parcomètres, etc.

    Les résultats : difficultés à boucler le budget, fermeture de piscine... et tout ce qui s'en vient