mercredi 20 avril 2011

Les règlements municipaux et le test de la réalité

Un commentaire récent attirait notre attention que selon les règlements de propreté et de civisme, tout citoyen est "déjà responsable de son bout de trottoir". Merci M. Snyder pour la précision et la référence du règlement.

Toutefois, à examiner un peu plus avant les recommandations contenues sur cette page de l'arrondissement, on peut se poser des questions.
  • "Ramassez les excréments de votre chien et disposez-en proprement, c'est-à-dire dans une poubelle, et non au pied d'un arbre ou en accrochant le sac à une clôture"

    En effet... mais dans beaucoup de cas, les poubelles débordent, et ce pendant des jours. Je crois qu'il ne m'est pas arrivé une seule fois de jeter un papier dans une poubelle vide sur le Plateau. Posons donc la question : avons-nous assez de poubelles publiques ? Si on s'assurait qu'il y avait autant de poubelles que d'arrêts d'autobus je crois qu'on arriverait à un bon compromis... mais on est loin du compte.
    Il est vrai, par ailleurs, qu'en nettoyant nos ruelles ce samedi passé, nous nous sommes collectivement aperçus que le ramassage-jetage des sacs à crotte ne sont pas vraiment respectés.
  • "Jetez vos mégots de cigarette dans un cendrier."

    Tous les commerces n'ont pas de cendrier accroché à leur porte. Et puis ce n'est pas juste devant le bar sur le trottoir qu'on fume / éteint sa cigarette. C'est aussi en marchant, avant de monter dans le bus, avant d'entrer dans un magasin... On ne peut pas accrocher de cendrier à tous les arbres, mais encore une fois, pourquoi pas aux arrêts d'autobus ? Des bénévoles de notre initiative citoyenne de samedi avaient fait cette constatation : en voulant sensibiliser des gens au fait que jeter le mégot de cigarette dans le caniveau n'aide pas vraiment au sentiment de propreté ambiante, lesdites personnes étaient très conscientes de leur geste, mais ne trouvaient pas de poubelle, et encore moins de cendrier, à proximité.
  • "veiller à ce que l’herbe qui pousse sur son terrain ou sur le domaine public – carrés d’arbre – ne dépasse pas 15 cm, sauf dans le cas des plantes herbacées d’ornement."

    C'est une partie intéressante du règlement, dont nous avons déjà parlé. Intéressante en cela qu'elle est absurde. "Plantes herbacées d'ornement" ? Que doit-on en comprendre : seulement les plantes trouvées en magasin ? Elles se font voler. Sachant cela, on n'a pas très envie d'entretenir un carré d'arbre ou une quelconque partie du domaine public, sauf pour ce qui y pousse naturellement. Si on laisse faire la nature, la verdure entre-t-elle dans le concept "ornement" ? Visiblement pas.
    Pourquoi faudrait-il couper ce qui est vert au prétexte que c'est "trop haut" ? Comment veut-on verdir à peu de frais et peu de nerfs avec de telles considérations ? L'argument devrait plutôt être la propreté et l'absence de plantes allergènes (herbe à la puce, herbe à poux). Une réflexion intéressante est à lire ici sur le sujet des efforts de verdissement de l'arrondissement.
La propreté, ce n'est pas l'uniformité de la verdure : c'est l'absence de déchets. Certaines banlieues, même certaines villes, appliquent des règlements draconiens afin d'avoir l'air "propres" - le gazon doit être coupé à tant de cm, ne doit en aucun cas être jaune ou desséché, la clôture d'un terrain ne peut dépasser telle taille ou doit s'inscrire dans tel style (modèles disponibles à l'appui). Et si une vérifcation de l'identité du contrevenant doit être faite, c'est fort possible : il suffit de le décider.

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Alors la propreté et la responsabilité citoyenne à son endroit, est-ce réellement un problème de mise en application ? Nous croyons fermement que c'est plutôt une question de volonté politique. Il y a de l'éducation citoyenne à faire, c'est certain. Il y a aussi de l'éducation à faire auprès des élus quant à la loufoquerie de certaines dispositions règlementaires par rapport à leurs ambitions.
Mais faire appliquer des règlements (à supposer que les moyens financiers le permettent, ce qui est un autre débat), ce n'est pas très "vendeur" en termes de chances électorales à l'échéance suivante...

13 commentaires:

PierreL a dit…

J'aimerais noter que les poubelles publique sont aussi pleine dans mon coin de quartier , mais ils sont remplis par des voisins qui prennent le bus et s'en servent comme poubelle pour déchets domestiques plutôt que de sortir leur déchets domestiques deux fois semaines.
Ce n'est donc pas un manque de poubelles dans le cartier mais un manque de civisme...

C'est vrai que depuis que les petits sacs de l'épicerie n'est plus permis pour le ramassage... Ça économise l'achats de poubelle ou de plus gros sac a ordure ;o)

Plateau Milieu de Vie a dit…

Vous pourriez nous envoyer des photos ? obs-mtl@googlegroups.com
Nous documentons pour l'Observatoire de l'Environnement urbain.

En tout cas voici typiquement un cas où un inspecteur devrait sévir.

Geneviève a dit…

ouains, je me suis pris des contraventions pour moins que ça quand j'habitais à Bordeaux. Là-bas c,est la mairie qui te fournit ta poubelle. Mais ça prend mettons 2-3 semaines. Kestufais de tes poubelles entre-temps ? Tu les mets sur la chaussée aux heures de ramassage ? Paf, amende. Tu essaies en douce d'aller le porter dans le conteneur au coin de la rue ? Paf amende.
À chaque fois le sac a été ouvert. Et c'était pas par des écureuils.

picotludique a dit…

Ah ben tiens! Je pensais qu'on voyait ça juste dans Hochelaga-Maisonneuve!
On trouve ici des sacs d'excréments de chien au pied de presque tous les arbres. C'est un remède pire que le problème. Les excréments laissés là disparaissent à la première pluie, tandis que les sacs sont là... jusqu'à ce qu'ils soient ramassés.
Les poubelles publiques, quand il y en a et qu'elles ne sont pas brisées, débordent toujours de déchets domestiques.
Pour ce qui est des cigarettes et autres détritus, la rue Ontario a trouvé une solution ornementale: les immenses pots en plastique de cèdres jaunis qui trainent ça et là sur l'artère depuis quatre ans les accueillent volontiers.

Anonyme a dit…

J'ai de la difficulté a comprendre comment un "méfait", puisque déposer ses ordures ménagers dans des corbeilles servant aux passant est interdit, ne soit pas Identifié par ceux qui vides ces corbeilles.....

Et que ce soit aux citoyens de prendre des mesures draconiennes en compilant les infractions afin de mettre de la pression pour que les soit disant "inspecteurs" fassent leur travail. Et ce même si les augmentations de taxes continue d'exploser
Autres temps, autres mœurs... faut croire que tout ce nouvel argent ne sert évidemment pas a offrir plus de services..

Plateau Milieu de Vie a dit…

La teneur de vos commentaires laisse entrevoir l'envergure du problème... mais où est la solution ?

Il y a pour commencer le facteur aggravant de la densité de population, le Plateau étant le quartier le plus densément peuplé du Canada. Il y a aussi l'attractivité touristique inter-arrondissements et inter-urbaine qui fait que le Plateau accueille chaque jour des milliers de personnes qui n'y habitent pas, et donc n'en prennent pas autant soin que de leur propre quartier. Que celui qui n'a jamais laissé tomber sans le ramasser un papier dans une rue loin de chez lui nous jette la première pierre...

Plus de poubelles ? Plus de ramassage ? Plus d'inspecteurs ? Plus de contraventions ? Tout cela à la fois sans doute... Mais aussi du verdissement ! Car un coin qu'on ne trouve pas beau dès le départ, on n'aura pas envie d'en prendre soin.
D'où le cercle vicieux - verdir est vain si la saleté se réinvite tous les jours. Nettoyer est vertueux mais si c'est seulement pour la beauté du geste, c'est peu gratifiant.

Il y a un gros effort d'éducation à faire. Une lectrice parlait récemment de l'expérience de Bordeaux, en France, où les inspecteurs ouvrent les sacs pour trouver l'identité des fautifs et leur infliger une amende. Ce serait à notre avis la façon la plus directe et la plus efficace de faire passer le message.

Anonyme a dit…

Quelques éléments d'information. Nous avons 4 inspecteurs sur le Plateau et nous engageons des étudiants pour augmenter ce nombre à 5. Il faut que les inspecteurs ouvrent entre 6 et 8 sacs pour trouver une preuve permettant de verbaliser un citoyen. Au total, ils émettent plus de 1000 contraventions par années. Plusieurs contraventions sont contestées, ce qui obligent les inspecteurs à passer beaucoup de temps en cour. Le pourcentage de contraventions émises par inspecteur est très élevé sur le Plateau (presque deux fois plus qu'à Ville Marie). Par contre, la question de l'augmentation de leur nombre se pose. Il est possible que nous n'en n'ayons pas assez. Il faut quand même prendre en considération un élément: un grand nombre de méfaits sont causés par des gens dont les revenu ne sont pas élevés (il est plus difficile d'attendre le jour de la collecte quand on vit dans un 1 1/2 que quand on a une cour. Souvent aussi, ce sont des personnes âgées qui mettent leur déchets dans les poubelles publiques parce qu'elles ne sortent pas tous les jours - et particulièrement les jours d'intempéries. Il y a aussi les étudiants qui vivent à plusieurs dans un appart. Ce ne sont pas des excuses; ce sont des explications.
Luc F.

Anonyme a dit…

Je pensait que les contraventions fonctionnaient bien et que les inspécteurs n'en donnaient aucune. Personnellement, je n'hadère pas au système de plaintes qu'on nous fait à croire que "c'est comme ça que ça marche". Non, ça ne marche pas, il faut essayer quelque chose d'autre. La plupart des gens sont prient au piège dans le marché du travail, ils veulent nettoyer, mais on les empêche en les tuants au travail. Il faut se révolter, je calcul que je peux nettoyer tous les ruelles du Plateau en six mois, mais elles vont se resalir. Alors, je devrais crier après ceux qui jette des trucs par terre et encourager les gens qui sont déjà motivé. Je ne suis pas devin, je pense commencer autour du 15 mai.

Godefroy

marcsnyder a dit…

Rebonjour,

Sur la question des cendriers, le Plateau a un règlement qui concerne cette question. Celui-ci impose l'installation de cendriers à l'entrée des bars, des restaurants et des édifices non résidentiels de cinq étages et plus.

MS

marcsnyder a dit…

Sur le commentaire de Luc F. quant au fait que «le pourcentage de contraventions émises par inspecteur est très élevé sur le Plateau»...

Ce n'est pas une nouvelle. C'était déjà le cas à l'époque où j'avais accès à ce genre de statistiques. Par ailleurs, cela n'a pas empêché les candidats à la dernière élection, ceux-là qui ont été élus et sont en place présentement, de faire campagne sur cette question ;-)

MS

Anonyme a dit…

Nous connaissons ce règlement. Mais est-ce la cas pour les propriétaires de bars, restaurants, etc.? De toute manière, le problème ce n'est pas l'existence ou non d'un règlement mais son application et sa surveillance. On tourne en rond.
Concernant la dernière élection, il faudrait en revenir. Cela n'apporte rien de neuf ni à l'échange et encore moins aux solutions.
PMV

marcsnyder a dit…

Anonyme affirme que «nous connaissons ce règlement» et pose la question «est-ce la cas pour les propriétaires de bars, restaurants, etc.?»

Je ne sais pas qui est le «nous» de votre affirmation. Mais je sais que tous les commerçants et propriétaires d'édifices assujettis à ce règlement en ont été informés, par lettre, au moment de son adoption. De mémoire, la lettre était signée par le directeur de l'aménagement urbain et du service aux entreprises de l'arrondissement.

De plus, les deux sociétés de développement commercial présentes (elles sont maintenant trois) ainsi que les associations de marchands qui étaient actives à l'époque avaient été sensibilisées directement.

Enfin, l'arrondissement avait distribué, pas longtemps après, un document intitulé Code de bon voisinage dans plusieurs centaines de commerces du Plateau. Ce document comprenait, je crois, une mention de l'existence du règlement.

MS

Plateau Milieu de Vie a dit…

Le commentaire précédent a été supprimé, nous ne voulons pas de propos haineux.

Cela dit nous sommes face à un problème peut-être insoluble. Si le nombre de contraventions est élevé sur le Plateau, mais que le problème persiste, que peut-on envisager d'autre ?