mardi 7 juin 2011

Louise Harel ou la nostalgie du pouvoir central


Louise Harel ou la nostalgie du pouvoir central

C'est avec consternation et une grande perplexité quant à ses véritables motivations que j'ai lu le compte-rendu de la conférence de presse que donnait Louise Harel devant le parc Laurier hier au sujet des récentes mesures d'apaisement de la circulation introduites sur le territoire du Plateau Mont-Royal.

Consternation, parce que Mme Harel montre une fois de plus son visage de centralisatrice, bien appris par des décennies loin de Montréal, à Québec où , tous partis politiques confondus, on affectionne tout particulièrement la concentration et la centralisation des pouvoirs.  Cette façon de faire entraîne plus souvent qu'autrement des conséquences fâcheuses, voire indésirables, pour les citoyens, elle les éloigne du pouvoir de décision, et favorise l'émergence et l'emprise de "lobbys centraux" sur les décisions de l'État.

Je n'ai pas besoin d'élaborer sur les conséquences actuelles, que l'on peut entendre ou lire tous les jours... L'état central du Québec est à la merci de ces lobbys, et la Ville de Montréal aussi.

Cette façon de faire, traduite à l'échelle de Montréal, aura permis pendant des décennies à des décideurs sans visage de défigurer sans vergogne les quartiers centraux de Montréal, et de créer sans consultation ni discussion, avec la complicité bienveillante du ministère des transports du Québec (MTQ), de plus en plus d'axes de circulation rapide nord-sud et est-ouest au nom de la "fluidité" mais au détriment de centaines de milliers de montréalais. Et le tout, nous pouvons l'affirmer, sans que l'on demande l'avis des résidents des artères, collectrices ou rues résidentielles.

Mme Harel connaît mieux que moi tous les dessous de l'exercice visant à fusionner les anciennes villes de Montréal, et les corrections, heureuses autant que malheureuses, qui ont dû être apportées au plan original.  Mais aujourd'hui, je crois que les corrections auront été profitables, parce que le nouvel arrangement a donné aux quartiers de l'ancienne Ville (tels Rosemont, Hochelaga ou le Plateau) les pouvoirs des "autres" villes, (Outremont, Ville Saint-laurent ou Anjou).  Ces dernières avaient les pouvoirs locaux que Louise Harel voudrait maintenant soustraire, par exemple, au Plateau Mont-Royal, sous prétexte que "les barons locaux" ne peuvent prendre de décisions isolées qui dérangent les autres. Selon elle, la Ville doit avoir un plan de transport qui implique tous les arrondissements, qui doivent agir en harmonie.  Une fois décodé, ce message dit: le plan de transport qui existe bel et bien (il date de 2008) n'est pas encore actualisé.  Il comprend des mesures à l'étude depuis des années, jamais réalisées.  Aucun parti ni maire n'a encore eu le courage de même songer à débuter sa mise en oeuvre. Pendant ce temps, les pouvoirs des arrondissements devraient être limités pour les empêcher d'agir localement, même lorsque les résidents sont massivement derrière les décisions de l'autorité locale...

Pendant toutes ces années où les résidents des quartiers centraux encaissaient les effets de la défiguration de leur environnement et de leur milieu de vie, les "Barons" maires d'Outremont, quartier limitrophe du Plateau, prenaient des mesures énergiques d'apaisement et de détournement de la circulation de transit vers les grandes artères.  À noter plus particulièrement l'élimination de plusieurs voies, plus de sens uniques, saillies, mobilier sur rue, limites au stationnement, et j'en passe.  Je me console en me disant que si jamais Louise Harel devient maire de Montréal, elle devra enlever les mêmes pouvoirs aux "Barons" de Outremont, Anjou,  Ville Saint-Laurent et tous les autres.  Bonne chance!

Pendant ce temps, Mme Harel se fait la défenseure d'un petit groupe (oui, petit groupe) de citoyens, appuyé par un lobby de commerçants, pour que les décisions prises, en particulier le changement de sens de la rue Christophe-Colomb, soient annulées.  À mon avis, Mme Harel ferait mieux de supporter les efforts locaux du maire Croteau dans Rosemont pour la piétonnisation de la rue Masson, ou encore ceux du maire Ménard, dans Hochelaga, pour la réduction du bruit causé par les activités de transport de fret en zone résidentielle.

Et c'est ici que je suis perplexe.  Car c'est un secret de polichinelle que la SDC de l'avenue Mont-Royal, aux allégeances bien connues, est intervenue comme un vrai "lobby" auprès du "centre" (personnifié ici par Mme Harel), pour qu'elle intervienne dans cette affaire "locale".  En intervenant de la sorte, la SDC  fait réciter à Mme Harel le "programme" qu'elle (la SDC) avait annoncé haut et fort l'automne dernier, en s'opposant à toutes  mesures d'apaisement de la circulation et en particulier au changement de sens de Christophe-Colomb.  Ne vous y trompez pas: nous sommes loin des intérêts des riverains de la rue Chambord; nous sommes dans les intérêts des commerçants à préserver une voie rapide, une autoroute nord-sud amenant la "clientèle" dans les commerces de l'avenue Mont-Royal.  Et au diable les riverains de cette rue qui subissaient la circulation de plus de 8000 véhicules par jour.  Mme Harel aurait dû relire son programme de la dernière campagne de Vision Montréal, assez semblable à celui des élus du Plateau, avant de s'associer à une  telle mascarade.

Bref, un bel exemple de gestion publique par lobby central au détriment des citoyens, à l'échelle de Montréal et d'un arrondissement.  Un exemple aussi d'une politicienne fatiguée, dépassée, et qui ne connaît plus Montréal après toutes ces années à des années-lumières des préoccupations de ses voisins montréalais,  Mais surtout, surtout, une vision passéiste du rôle de l'état et des décisions prises loin des gens qu'elles affectent.  Et ce qui dérange tant les "lobbys centraux" et les "vieux politiciens", c'est que les pouvoirs locaux ne leur donnent pas prise...

Comme disait Robert Zimmermann, dans sa célèbre chanson vieille de 50 ans, mais Ô combien actuelle:

" ...get out of the way if you can't lend a hand,
and don't criticize what you can't understand,
for the times, they are a changin'..."

Mme Harel peut, j'en suis certaine, se trouver un traducteur.  Mais même traduit, je ne suis pas certaine qu'elle comprendra...

Linda Vallée
pour PMV 

1 commentaire:

Andrea a dit…

C'est tellement indigne de sa part que même Tremblay prend la défense du Plateau.

"Même Tremblay".

Faut le faire quand même, se planter à ce point-là de cible et de discours.

C'est peut-être une maladie contagieuse du PQ finalement.